Kazé

Le drame se déroule au cours de la période trouble des masques, des gestes barrières, du pass sanitaire et de l’obligation vaccinale que la Nouvelle-Calédonie a connue lors de l’épidémie de Covid 19. Nouveaux gourous – tel un certain docteur traîné de scène en scène sous la forme d’un portrait photographique – et représentants politiques y côtoient des chrétiens zélés, voire bigots, persuadés de voir leurs actions couronnées de succès grâce à des pratiques de sorcellerie dont un pasteur a la maîtrise. Personnages doubles par essence, tous forment une galerie de portraits aussi pétulante qu’inquiétante, une vraie galerie d’oiseaux, comme le nom de chacun l’indique, issue d’éléments forts de la culture nengone du dramaturge. Ainsi, buse, chauve-souris qui n’est autre que le pasteur, soit le « batman » de service, chouette, martin-pêcheur, hirondelles ou moineaux pétant au vent sur leurs fils électriques nous font craindre le pire quant aux espoirs attachés à leurs ailes. Mais entre sourires et rires, Pierre Gope éclaire de nouveau, comme il sait si bien le faire, nombre de fractures de la société, jusqu’aux plus sombres. Son théâtre, où la transgression est omniprésente, n’aura jamais été aussi loin. Ainsi, en dévoilant au grand jour ce qui se dit tout bas, le dramaturge se livre à une nouvelle démonstration de sa magistrale virtuosité dramaturgique.