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Pour s'orienter dans ces voies parfois tortueuses, il a fallu miser sur l'apport sous-estimé d'Octave Mannoni. Philosophe venu tardivement à la psychanalyse, il a évolué pendant un quart de siècle dans les colonies avant d'entamer un processus de « décolonisation de soi » coïncidant avec une tentative de décrire l'envers inconscient de la scène coloniale : sa cruauté mais aussi ses fragilités intimes, donnant à penser leurs effets de longue durée tant chez les anciens colonisés que chez les anciens colonisateurs.
En redonnant une visibilité à ce trajet, ses échos, ses critiques et ses reprises, les auteurs explorent à partir de la mécanique du démenti les ressorts inconscients du racisme. Se dessine ainsi une histoire mineure de la psychanalyse française, qui avait affaire à la question raciale avant même que Fanon s'en saisisse ouvertement, et que Lacan annonce, une fois le cycle des décolonisations achevé, que « le racisme a bien de l'avenir ».