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« Ils ont un autre mode de transmettre à la postérité locale certains faits : ils choisissent et préparent de gros bambous coupés à hauteur d’hommes environ. Sur les parois extérieures, ils gravent diverses figures hiéroglyphiques qui représentent diverses scènes de guerre, de naufrage, de pêche, de grandes réunions. Les Vieux portent le bambou gravé en guise de bâton et redisent, en les expliquant, les hauts faits ou les malheurs des ancêtres. Difficilement aujourd’hui on se procure de vieux bambous retraçant les scènes antiques. Ceux qu’on trouve avec des figures de fusils, de sabres, de chevaux sont de date toute moderne ; ils sont du reste plus souvent faits sans soin et n’ont aucune valeur hiéroglyphique ».
Ce témoignage du R.P. Lambert en 1860 explicite cet objet très singulier propre à la Nouvelle-Calédonie : le bambou gravé. Dans une culture kanak aux trente-six langues recensées mais sans écriture, le bambou est à la fois mémoire et mode de transmission. Ces gravures expertes racontent et la civilisation traditionnelle et sa rencontre avec celle qui vint d’Europe sur des pirogues aux voiles gigantesques.