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Les archipels qui forment l’actuelle Polynésie française ont été progressivement découverts depuis le XVIIIe siècle par les navigateurs tels James Cook, de Bougainville… Leurs récits décrivent une société où hommes et femmes jouiraient d’une égale « liberté sexuelle ».
À la même époque, la London Missionary Society envoie les premiers missionnaires protestants évangéliser les Polynésiens. Ils n’ont de cesse de réformer ces moeurs jugées dépravées en se fondant sur un projet de « civilisation » par l’occidentalisation des modes de vie. Dans ce cadre, les rôles dévolus aux deux sexes se redéfinissent : aux femmes les soins aux enfants, le ménage, la maison, la sphère privée, aux hommes les travaux des champs, la sphère publique. Le mariage est imposé à tout nouveau converti pour qu’il puisse devenir membre d’église. L’instruction, notamment celle des femmes – et encore plus des femmes de pasteurs – revêt une grande importance.
Gwendoline Malogne-Fer s’appuie sur des enquêtes (140 entretiens et 42 questionnaires) et sur son observation de manifestations de l’Église évangélique de Polynésie française pour analyser l’institutionnalisation progressive du rôle des femmes dans cette Église avant la décision de 1995 de les admettre au pastorat. Puis elle s’intéresse aux parcours des premières femmes pasteures et diacres. Elle aborde enfin les conséquences de la féminisation du pastorat.
Cet ouvrage montre comment les femmes polynésiennes se sont approprié le message biblique et ont conquis leur place en prenant la parole dans les assemblées ainsi que dans leur société. Il retiendra l’attention des lecteurs intéressés par les études de genre en général, plus particulièrement celles consacrées aux évolutions de la division sexuelle du travail dans les Églises chrétiennes.