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Alors que le mariage est un objet on ne peut plus classique en anthropologie et qu’il suscite ici comme ailleurs de vifs débats de société, les sciences humaines ont dans leur ensemble fait l’impasse sur un questionnement pourtant central : qu’est-ce qui, du point de vue des rapports sociaux entre les sexes, est opéré par cette institution ?
C’est à cette interrogation que ce livre souhaite répondre. À partir d’une enquête ethnographique précise, il montre de quelle manière les abondants dons et contre-dons participent à reproduire le « système de genre Lifou ». La relation conjugale, particulièrement asymétrique, se trouve alors solidement nouée aux rapports d’âge et à ceux entre les clans.
Cet ouvrage retrace par ailleurs l’histoire coloniale du mariage : quasi inexistantes à l’arrivée des premiers colons, les cérémonies matrimoniales Lifou constituent une adaptation locale aux politiques de « civilisation » des Kanak, portées par les missionnaires et le gouvernement colonial. Ainsi, le système de genre kanak apparaît comme le résultat d’une jonction patriarcale, fusionnant des éléments de la domination masculine française et de celle précoloniale Lifou.