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Il y a Carline la Kanak qui se démène pour faire vivre sa laverie tout en résistant aux pressions familiales, Irma et Matt dans leur ranch, impuissants face aux vols de leurs bœufs et prêts à en découdre, Tino castré socialement par son licenciement, Blacky le poète SDF tendant un miroir à Robert le riche entrepreneur. Il y a aussi cette famille métisse, aux origines bretonnes et vanuataises, confrontée à ce père violent et infidèle dans leur cabane à la vue spectaculaire, cette belle-mère bourgeoise frustrée par la mauvaise union de son petit prodige, sans oublier ces veuves vulnérables aux prédateurs en tout genre, ou encore une mère désœuvrée face au crime inexplicable de son fils.
Alternance de nouvelles courtes et longues, « Caledonia Blues » embrasse, de Nouméa aux régions plus isolées, toutes les couches sociales et ethniques, toutes les croyances sans nous épargner l'incroyable violence à l'œuvre sous toutes ses formes.
Claudine Jacques nous livre un portrait sans fard, mais non dépourvu d'espoir, du « Caillou », un autre point de vue, bien loin de l'image étriquée de paradis aux plages de sable blanc. Sur fond de référendum d'autodétermination, elle nous laisse entrevoir les lignes de fractures et les points chauds d'une société pourtant appelée à écrire son idée du vivre-ensemble. Ce que résume finalement assez bien ce gendarme fraîchement arrivé du Finistère : « un casse-tête ».