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Après L'agenda et Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier (réédités par Madrépores en 2015), et Le vol de la parole, avec Weniko Ihage (Édipop, 2002), La vieille dame est le quatrième recueil de nouvelles de Déwé Gorodé, un genre qu'elle affectionne tout particulièrement. Là encore, il y est question de transmission familiale et d'engagement politique, sur fond de conflit minier, d'amours interdites, transgressives ou passionnelles et de liens intangibles entre les vivants et les morts qui nous rappellent que rien ne peut délier une promesse faite aux ancêtres. « Alors que je replaçais bien l'oreiller de ma grand-mère dans le grand lit blanc de sa chambre d'hôpital, je nous revoyais toutes les deux, à l'aube, sur les sentiers de nos champs où elle me citait tous les noms des oiseaux qui chantaient au jour et rythmaient notre marche par leur trilles. Ou alors, c'étaient ceux des insectes. Mais j'aimais surtout ceux des plantes qui tantôt se redressaient sous la rosée, offraient leurs fleurs au soleil, ou résistaient à la chaleur de midi. « Comme nous, avec le sang dans nos veines, elles ont leur sève pour ne pas mourir », me disait ma grand-mère, maintenant affaiblie et allongée, qui me gratifiait encore de son doux sourire immuable. Je lui caressai les joues et finis de brosser et d'arranger sa belle chevelure libre et épaisse se confondant avec la blancheur de la taie d'oreiller. Elle me conseilla une fois encore sur le respect, le partage et l'humilité dans notre vie avec les autres.»