« Regards multiples » de Daniel Miroux

Publié le : 06/04/2022 12:30:25
Catégories : Nouveautés

« Regards multiples » de Daniel Miroux

Dans cet ouvrage très documenté, Daniel Miroux nous offre une présentation de la société ouvéenne urbanisée sous la forme originale et ludique d’un abécédaire ponctué d’anecdotes. Les différents aspects de la vie quotidienne des Atsaaï – Kanak originaires d’Ouvéa – vivant principalement dans le Grand Nouméa y sont abordés. Ces observations peuvent être transposées en majeure partie sur d’autres populations kanak urbanisées mais pas globalement, chaque communauté ayant ses particularités.

Voici quelques exemples :
 

LES HARANGUES
La parole est l’une des bases de la culture kanak. Elle est très importante. Dans toutes les cérémonies coutumières, notamment au cours des repas, nombreux sont ceux qui se lèvent pour haranguer la personne qui est à l’honneur de la célébration. Ce sont de véritables diatribes portées par les hommes avec un ton très appuyé et qui peuvent durer plusieurs minutes.
Une anecdote : Lors d’un mariage, un ami européen situé à mes côtés s’inquiétait d’entendre vociférer une personne qui parlait à l’adresse des mariés. Il a l’air en colère, me dit-il. Pas du tout, lui dis-je. C’est sa façon de parler.

LES HORAIRES
Lorsqu’on parle des horaires en milieu kanak, il y a toujours une certaine moquerie de la part des Kanak eux-mêmes car les heures prévues sont rarement respectées, à telle enseigne qu’une réunion coutumière prévue à 17h verra arriver les premières personnes à 18h, voire plus tard. Les Tontons qui sont l’élément central dans l’organisation des mariages arrivent parfois volontairement plusieurs heures après l’heure prévue.
Une anecdote : Lors de la préparation d’un mariage d’un Ouvéen avec une femme de Maré, les Tontons étaient attendus chez la famille du marié un samedi vers 17h. Ils sont arrivés à une quarantaine de personnes vers 23h.

LA NOURRITURE
Elle est actuellement en pleine évolution. Originellement, elle est basée essentiellement sur des féculents (ignames et taros) avec le poisson et le lait de coco. L’urbanisation et surtout la généralisation de la cantine pour les enfants en âge scolaire a fait découvrir de nouvelles saveurs…
Une anecdote : J’avais pris l’habitude d’acheter du fromage (camembert et roquefort) avec du vin rouge comme contribution à des repas. Quelle ne fut pas ma surprise quelque temps après de voir que certains achetaient eux-mêmes du fromage, l’ayant trouvé à leur goût alors qu’ils n’en avaient jamais mangé auparavant. Le Iaaï est la seule langue kanak où le mot fromage a été traduit. Il s’agit du mot « bonamel ».

LA SOLITUDE
Les Ouvéens comme les Kanak en général n’aiment pas la solitude. Ils aiment se retrouver en famille ou dans leur clan voire avec des amis. Les manifestations coutumières comme les deuils et les mariages sont l’occasion d’être ensemble, de prendre des nouvelles des uns et des autres, de parler, de s’amuser et de rire. Les Ouvéennes et Ouvéens ne s’épanouissent réellement que dans les deuils et les mariages lorsqu’ils se retrouvent ensemble. C’est quasiment vital.

LA TOLERANCE
La qualité principale de la culture kanak en général et ouvéenne en particulier. Mais c’est aussi un défaut lorsqu’elle est excessive ce qui est souvent le cas. La tolérance est très importante vis-à-vis des enfants, notamment en bas âge.
Une anecdote : En pleine réunion coutumière, un enfant pleurait et gesticulait devant les Anciens faisant la coutume. Ce n’est vraiment qu’au bout de longues minutes que l’enfant sera déplacé.

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