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Sur les klaxons lointains et le grondement de la ville qui jouaient en sourdine l'immuable partition de millions d'anonymes, un soliste avait commencé à poser une mélodie familière. Des bribes de son chant allaient et venaient autour de la tente. Les paroles se firent plus nettes, atteignant soudain la conscience de Maek dans son demi-sommeil.Il sentit la tente trembler, puis une grosse paluche tâtonner en pratiquant l'ouverture. La trogne enjouée de l'aîné lui apparut, tout auréolée d'une lumière matinale éblouissante. « On dirait un sauveteur qui viendrait me tirer des décombres dont je suis prisonnier », songea Maek, se sentant incapable de bouger. « Ce sont les vivants en surface qui envoient Samy pour me tirer du royaume des morts. » Les pensées macabres lui venaient souvent au réveil. Il fallait généralement le café inaugural pour en dissiper l'arrière-goût.« Tu te mets aux taperas, toi le mécréant ? demanda finalement Maek, la voix enrouée.-- Debout ! ignora l'hôte. Je suggère de se lever, il faut se préparer pour affronter la journée, prononçait-il de son débit à la fois posé et tout en saccades. On doit plier la tente avant d'être emmerdés.