Je n’avais encore jamais pensé à tuer un homme avant le 13 mai 2024. Pour cela, j’imagine divers scénarios, tous plus morbides les uns que les autres, et ces pensées me dévastent par leur violence. Respect, travail, justice : ces valeurs ont volé en éclats, créant un vide, accompagné d’un sentiment d’abandon. Abandon de mes couleurs, de mon drapeau. Au son sourd et lointain des explosions se mêlent les premières odeurs de fumée et d’incendies, portées par le vent du sud-est, celui qui nous accompagne ici, la plupart du temps. Au loin, la ville illumine le trait de côte, au rythme des émeutiers, dans l’interminable nuit calédonienne. Nouméa brûle-t-elle ?