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K.O. 2e round. Avec « Mutismes » finalement, Titaua Peu ne faisait qu’entrouvrir la porte pour dénoncer les silences. Avec « Pina », elle la défonce, la fait claquer, rebondir, résonner avec rage voire colère haineuse et crûment arrache les voiles devant toutes les violences : familiales, sociales, politiques, coloniales. Et elle nous laisse tous K.O. si tant est qu’on « tienne le combat » jusqu’au bout.
Pour ce faire, l’auteure a choisi une famille qui cumule toutes les misères de cette terre : un couple, Auguste et « Ma » et une famille nombreuse dont trois « absents » parce qu’adoptés il y a longtemps. Pour ceux qui restent, Auguste junior, Hannah, Pauro, Rosa, Pina et Moïra, c’est un destin de « survivant » qui les attend. Survivre aux violences sous toutes ses formes : morales, affectives, sexuelles, sociales, survivre aux abandons, absences, silences, incestes, peurs, dépréciations, exploitations, clichés, désamours, manques, folies…
La question se pose d’ailleurs tout au long du roman au fond – qui survivra ou non et comment ? – avec cette petite phrase qui jalonne toute l’histoire et laisse entendre qu’un petit corps est retrouvé pendu. On se doute assez vite d’ailleurs qu’il s’agit de Pina, petite enfant noire aux cheveux crépus, délaissée. Pina, le pivot et le cœur du roman, plantée là comme une conscience ignorée, esseulée, bafouée. C’est un livre. Une fiction où tout le monde (Polynésiens comme Popaa, locaux comme métro, hommes d’affaires libidineux comme vahiné oublieuse de sa dignité, croyant comme athée, anciens comme nouveaux colons) en prend pour son grade.