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La Nouvelle-Calédonie est une Cité qui vient de loin, d’un passé bouillonnant de conflits sanglants, depuis les drames de l’irruption coloniale en 1853 jusqu’aux exactions de la grotte d’Ouvéa en 1988. Deux familles politiques s’y sont durablement établies pour s’opposer : celle qui voit l’avenir dans la France et celle qui veut en sortir. Mais 1988 est aussi une date clé de renaissance et de dialogue constructif, l’avènement du temps des Accords. Si, depuis, les convictions au sein des deux camps n’ont marqué aucun recul, les oppositions se sont ensuite situées sur le plan du débat intellectuel, dans le dialogue et le respect mutuel, tout au long des décennies qui se sont écoulées. Malheureusement, ce pari sur l’intelligence, comme l’avait appelé Jean-Marie Tjibaou, s’est fracassé dans les émeutes initiées le 13 mai 2004. Leurs violences sans précédent permettront-elles la résilience d’une société solidaire ?
Le présent ouvrage, à jour de ces derniers événements, cherche à éclairer où va la Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui, le pays est à la croisée des chemins. Après la période confuse des référendums d’autodétermination réitérés aboutissant chacun au refus de la pleine souveraineté du pays, les partenaires politiques doivent forcément trouver un nouvel accord institutionnel. Mais comment aujourd’hui vivre ensemble alors que les populations se divisent plus que jamais en deux groupes idéologiquement opposés ? Comment la formule séduisante du « destin commun » peut-elle être évoquée avec persévérance alors que se contredisent ceux qui croient en la France et ceux qui espèrent en Kanaky ? Comment la Nouvelle-Calédonie a-t-elle pu en 2010 se donner comme devise « Terre de parole, terre de partage » ? Comment, la même année, impuissante à se donner un drapeau commun consensuel, a-t-elle pu décider de vivre tous sous deux drapeaux, celui de la République française à côté de celui du Front de Libération nationale kanak et socialiste requalifié drapeau identitaire kanak, au grand dam des Kanak partisans de la France…
Au lendemain du retour de la violence, alors qu’on espère être capable de l’endiguer, ce sont des cartes complexes qui sont actuellement rebattues. De nouveaux choix s’imposent et l’imagination doit être au rendez-vous.
Le présent ouvrage retrace l’ensemble des données et perspectives qui permettent de comprendre le cadre des indispensables dialogues. Il éclaire les impasses qui ne manquent pas de s’imposer et les voies de dégagement qu’il faut déterminer avec de la bonne volonté de part et d’autre. Il apporte une indispensable pédagogie de la Nouvelle-Calédonie politique entre ses identités plurielles et sa solidarité globale. Il contribue à déterminer les pistes fécondes permettant de concilier tant les différences des origines que les divergences des visions d’avenir. Des accommodements peuvent être trouvés. La recherche permanente de solutions consensuelles est un mode de gouvernance exigeant mais où la Nouvelle-Calédonie peut se dépasser et réussir sa singulière équation. Elle en vaut la peine.