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« Il faut laisser grande ouverte la porte de l’immigration en répandant la nouvelle que la colonie regorge d’or... Quelques-uns risquent de se faire dévorer ? La belle affaire ! On ne colonise pas avec des enfants de chœur. » Ainsi s’exprimait prophétiquement le capitaine Maximilien Las Cazas en 1855 dans son rapport au ministre de la Marine et des Colonies. La colonisation du « Caillou » ne se fit pas seulement avec des colons-paysans, mais aussi avec des aventuriers, des missionnaires, des santaliers, des chercheurs d’or, des bagnards, des sucriers, des Chinois, des Malabars, des Polynésiens, des communards... une population hétérogène se constitua, entre les éléments de laquelle une coexistence précaire s’instaura, apparemment solide tant que parvenaient à la cimenter des intérêts communs, mais dangereusement menacée chaque fois que se trouvait remise en cause, comme en 1878 et en 1917, l’appartenance des terres aux colons. Le boom minier des années 1960 sapa cet équilibre fragile en introduisant dans le territoire des formes de consommation dont furent exclus les indigènes. Parallèlement, une élite canaque, formée à l’école des blancs, prenait conscience d’une inégalité croissante. Tout était prêt pour qu’une explosion politique et morale vienne bouleverser cette France du bout du monde...