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Le 12 [1-02-1802] au matin, nous partîmes du bord. M. Baudin commanda en personne cette petite expédition. Nous abordâmes la côte sans difficulté et mîmes à terre sans avoir connaissance des naturels. A peine avions-nous achevé les premières dispositions pour donner un coup de senne que nous vîmes une vingtaine d'individus, tant hommes que femmes et enfants. Aussitôt qu'ils nous aperçurent, ils s'arrêtèrent pour nous considérer et semblaient désirer venir à nous. Nous les invitâmes par des signes à nous approcher, ce qu'ils comprirent parfaitement. Quatre hommes de la bande s'avancèrent, sans armes. On leur distribua les présents d'usage et, comme les femmes et les enfants étaient restés à l'arrière, on leur témoigna le désir de les voir de plus près. Bientôt nous ne fîmes tous qu'une même société. Les enfants parurent très timides. On les fit asseoir en attendant que la senne fût hors de l'eau. Mais, apercevant les matelots qui halaient sur les cordes, ils se levèrent et se rangèrent avec eux pour les aider. On prit une assez grande quantité de poissons. Rien de plus curieux que les démonstrations de joie et de contentement des naturels. Il fut encore impossible de leur en faire accepter, ils n'osaient même pas les toucher.
Les enfants, dans cette occasion, se montrèrent aussi aimables que tous nos enfants d'Europe. Ils semblaient oublier que nous étions étrangers et ils jouaient très familièrement avec nos matelots, aux cols desquels ils sautaient. Ils exprimaient leur joie vive et pétulante par une infinité de tours et de souplesses. Ils couraient çà et là et faisaient mille niches à nos marins pour les engager à courir après eux. Ils nous défiaient souvent à la course. Nos matelots se prêtèrent avec complaisance à tous leurs jeux, ce qui parut contenter beaucoup les mères.