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Quand en 1873 Louise Michel, déportée, arrive en Nouvelle-Calédonie où elle restera sept ans, la France a déjà réprimé quelques soulèvements mais n'a jamais conquis l'île militairement. On refoule peu à peu les Canaques sur les terres infertiles et on les contraint à abandonner leurs cultures sans compensation ni achats.
Proscrits hauts en couleurs : le « marquis rouge » Rochefort, l'aventurier Olivier Pain, le vieux héros Maléziaux, Blazenq qui fait de l'alchimie, d'ancienne filles de joie et des cantinières amazones. Un Polonais, Wolowski, édifie un théâtre en plein air ; El Mokrani, l'insurgé algérien, repassera plus tard les mers pour revoir Louise. Et Nathalie Lemel lui voue tant d'affection qu'on les accusera toutes deux d'homosexualité.
Louise, qui correspond avec la France - le beau-père de Verlaine lui envoie quelques secours - tire une grande joie de son exil ; tout l'intéresse, tout la passionne, la sauvage beauté de la nature et surtout ce peuple canaque si méprisé. Quand ils se révoltent, Louise est la seule à les soutenir, en 1878, alors que les autres Communards se liguent avec leurs geôliers pour exterminer les indigènes, cette « race inférieure ». On dira Louise « plus Canaque que les Canaques ».
Amnistiée en 1880, elle laissera dans la désolation une foule d'indigènes qui l'accompagnent au bateau. Elle leur aura laissé son plus précieux trésor : le drapeau rouge de la Commune écrasée.