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Les « événements » qui ont frappé la Nouvelle-Calédonie sont la dernière en date des successions de révoltes canaques et de répressions militaires. Le régime de la conquête coloniale s'établit dans une série fort ancienne, celle des peuples dominants exerçant diverses formes de teneur pour maintenir leur pouvoir sur les nations assujetties. La France mitterrandienne n'a pas eu recours au massacre de Canaques que certains la pressait de mettre en œuvre. Mais une prétendue raison d'État aboutit à l'exécution de Pierre Declerc, d'Eloi Machoro et de Marcel Nonnaro, ainsi qu'à la mort programmée de Yeiwene Yeiwene et de Jean-Marie Tjibaou. En plus d'Ouvéa, dans les vallées et les montagnes du Nord, morts de Canaques, mais aussi de gendarmes mobiles serviteurs du même État, cela fait bien des cadavres dont l'utilité n'est pas évidente.
Pourquoi n'a-t-on pas mis en route plus tôt une politique plus libérale, au moins du niveau des accords de Matignon, puis de ceux de Nouméa ? Telle est la question que se pose inévitablement le lecteur. Il trouvera ici une description des faits et une analyse qui prétend apporter au moins une part des réponses. Ce document cherche à montrer combien les situations pouvaient être difficiles, combien elles étaient complexes et si souvent sans solution apparente en première approximation au moins, du fait de la lâcheté de gouvernants n'osant pas réellement décoloniser.